Psaume LXVI.

1. Peuples, venez, et que l’on donne
Des louanges à l’Éternel;
Qu’en tous lieux son saint nom résonne,
Par un cantique solennel.
Venez lui dire: ô Dieu terrible,
Qu’on te voit grand, en tous tes faits!
L’ennemi qu’on crut invincible
S’abaisse pour avoir la paix.

2. Que ta majesté glorieuse
Soit adorée en l’univers,
Que ta louange précieuse
Soit la matière de vos vers.
Peuples, rendez-lui vos hommages,
Et jugez d’un commun accord
Si tant de merveilleux ouvrages
Sont d’un autre que du Dieu fort.

3. Israël vit la mer profonde
Tout d’un coup tarir à ses yeux;
Le fleuve retenant son onde,
Le peuple passa, tout joyeux.
Sa providence universelle
Regarde sur les nations;
Et du superbe et du rebelle
Il rend vaines les passions.

4. tez-vous, peuples, qu’on vous voie
En tous lieux bénir le Seigneur;
Faites retenir, avec joie
Un hymne saint à son honneur:
C’est lui qui garde notre vie,
Qui conduit sûrement nos pas;
C’est lui dont la force infinie
Nous a garantis du trépas.

5. Seigneur, ta justice divine
Voulut épurer notre foi,
Comme l’argent que l’on affine,
Pour le rendre de bon aloi.
Tu nous avais mis dans les pièges
Que nous tendaient nos ennemis;
Au joug de leurs lois sacrilèges
Ton courroux nous avait soumis.

6. Ces méchants montaient sur nos têtes,
Comme sur le dos des chameaux;
On nous menait comme des bêtes,
Et par les feux, et par les eaux.
Enfin, délivrés par ta grâce,
Nous verrons des jours plus heureux;
Et moi j’irai devant ta face,
Ô Seigneur, te rendre mes voeux;

7. Ces voeux ardents qu’en ma souffrance,
Et durant mes malheurs passés,
Mon coeur formait en ta présence,
Et que ma bouche a prononcés.
Tu verras sous tes yeux propices
L’holocauste se consumer,
Et des agneaux et des génisses
La chair et la graisse fumer.

8. Vous qui révérez sa puissance,
Soyez mes témoins en ce lieu
De la juste reconnaissance
Que j’ai des bienfaits de mon Dieu.
Lorsque je lui fais ma prière,
Ce grand Dieu répond à ma voix;
Ainsi, chaque jour j’ai matière
De le bénir cent un cent fois.

9. S’il eût connu que l’injustice
Se fût mêlée à mes désirs,
Bien loin de m’être si propice,
Il eût méprisé mes soupirs.
Mais enfin, je puis bien le dire,
Jamais je ne le prie en vain;
Et quoi que mon âme désire,
Il m’exauce, il me tend la main.

10. ni donc ce grand Dieu, mon âme,
Lui qui m’a toujours écouté,
Et qui, lorsque je le réclame,
Jamais ne retient sa bonté.